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Vivre leur Villes
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  • Deux ethnologues en herbe partent se faire les dents 6 mois en Afrique suivis de 6 mois en Amérique du Sud. L'objectif : faire un reportage sur les conditions d'habitat des nouveaux arrivants urbains.
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28 avril 2010

Un terrain en or

Comodoro Rivadavia est une ville de prime abord étrange. Lorsque nous étions en France et que nous faisions des recherches sur cette troisième escale de notre voyage, ce que nous avons pu lire ne nous enchantait que peu. Les rares écrits que nous avons pu trouver  nous la présentait d’abord comme une ville pétrolière, battue par des vents violents, vides de touriste Les photos nous la montrait grise, quadrillé, impersonnelle. On ne peut pas réellement dire pourquoi mais notre instinct nous a tout de même poussé à aller découvrir  la plus grande ville de Patagonie, vieille d’à peine plus de cent ans. 

Malgré toutes ces idées reçues, il ne nous a pas fallu longtemps avant de nous rendre compte que l’on était tombé sur une véritable mine d’or.

 Toute jeune ville, Comodoro est née grâce à l’arrivée successive de grandes vagues d’immigration.  Beaucoup de ses migrants étaient de jeunes hommes venus en Argentine avec l’objectif de se faire de l’argent, et ensuite rentrer au pays pour offrir à leur famille une vie meilleure. Paradoxalement, la majorité d’entre eux est restée et a tenté de donner à cette terre vierge un visage humain, une identité.

 Comme n’importe quel enfant, lors de ses premières années de vie, Comodoro avait tout à apprendre pour se construire. Elle ne disposait pas de système de santé, pas d’espace de divertissement ni d’échange ou de communication entre ses nombreux parents d’origine diverse et variée.

 Boers, espagnols, italiens, portugais, basques, puis allemands, autrichien, chiliens, hongrois, anglais, arabes, libyens, syriens, plus récemment boliviens, péruviens, paraguayens… Comodoro Rivadavia, capitale provinciale des communautés étrangères doit tout à ces immigrés organisés qui ont travaillé en collectivité pour le bien de toute le société comodorienne. Les espagnols, très nombreux numériquement ont par exemple, par le biais de leur association, bâti un théâtre, lieu d’éducation et de divertissement de tous les habitants quelle que soit leur origine. Ils ont ensuite mis sur pieds, décennies après décennies, un sanatorium qui est aujourd’hui le plus performant de la région et un des piliers e la couverture médicale de la ville. Cette dernière s’est ainsi d’un côté construit une structure, tandis que de l’autre elle édifiait son identité.

                                 Ces hommes puis ces familles devenues avec  le temps comodoriennes, ont œuvrées autour de nombreux événements à nourrir le processus identitaire nécessaire à leur identification de leur nouvelle terre. On peut aujourd’hui participer à des cours de danse « portugaise », manger et boire autour d’un thé « grec » ou encore apprendre à parler le polonais ou l’arabe.  Les associations proposent tout un type d’activités manuelles, sportives, artistiques, éducatives... Il y a même, depuis environ trente ans une « Fédération des communautés étrangères » qui réunis une vingtaine d’associations. Elles se donnent pour tâche de fêter le jour de l’immigrant, fête nationale en argentine. A cette occasion, chacune des collectivités présente sa danse, son costume « traditionnels », et propose des plats typiques.  Le fait que tout ce qui est proposé par ces associations soit systématiquement proposé à tous démontre pour nous une volonté de partager, de mettre à disposition et de promouvoir les savoirs d’une collectivité. Un membre de l’association portugaise nous racontait par exemple le fait que plusieurs expressions portugaises étaient aujourd’hui intégrées au dictionnaire argentin. Il y a là la fierté de participer en tant que collectivité au développement de la toute la communauté.

                                       Notre travail actuel est de cerner ces identités, remodelées, réinventées car elles n’ont finalement  peu de choses à voir avec ce que l’on pourrait trouver aujourd’hui dans les pays d’origine des migrants ou de leurs descendants. L’identité est toujours une conjonction de caractéristiques choisies parmi une multitude et donc toujours questionnable, modifiable.  Nous essayons de voir quelle identité est véhiculée et qu’y trouvent les membres de ces associations étrangères, qui sont aujourd’hui de véritables institutions de par leur importance pour la ville. Ces multiples traits culturels véhiculés par chacune d’elles forment à eux tous l’identité de la ville et de ses habitants, soit une identité multiculturelle.

                               Evidemment, Comodoro n’est pas un paradis de l’union et de l’acceptation de l’autre. A certaines périodes de son historie, des populations comme les travailleurs pétroliers catamarquais (au nord de l’Argentine) ou les migrants chiliens ont générés des conflits. Cependant, là où l’on pouvait s’attendre à trouver une ville éclatée et désunie, on est amené á observer un lieu où les nombreuses communautés ont travaillées chacune de leur côté pour le développement et le bien-être de tous. En même temps, dans une ville où tous sont étrangers, qui oserait le reprocher á l’autre ?

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Commentaires
B
j'aime bien ce blog il donne envie de lire!
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