Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vivre leur Villes
Vivre leur Villes
  • Deux ethnologues en herbe partent se faire les dents 6 mois en Afrique suivis de 6 mois en Amérique du Sud. L'objectif : faire un reportage sur les conditions d'habitat des nouveaux arrivants urbains.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
29 mai 2010

Débat sur l'identité nationale............

           Loin de leur pays d’origine depuis qu’ils ont 5 ou 6 ans, peut-être même sans y être jamais allé, ou encore sans avoir aucun lien de sang avec le Portugal, pourquoi autant de comodoriens sont membres d’associations étrangères notamment de la portugaise que nous étudions.

 

           Voilà l’objet de notre travail à Comodoro Rivadavia pendant ces deux mois et demi, à savoir le rôle et la place que peut avoir l’association portugaise dans la vie et l’identité de ses membres.

 

          Comodoro a aujourd’hui à peine plus de 100 ans et fut constituée principalement par des vagues d’immigrants nombreuses, venant principalement d’Europe jusque dans les années 60, puis interne à l’Amérique du Sud plus tard et encore aujourd'hui. Il existe 42 associations étrangères à Comodoro représantantes des différentes collectivités (de pays européenes mais aussi du Moyen Orient ou d’Afrique). Les plus anciennes fêtent aujourd'hui leur 80, 90 ans et même leur centenaire. Et on peut comprendre ce qui a engendré la constitution de ces associations au début de la fondation de la ville. Elles étaient d’abord des moyens de se retrouver entre compatriotes pour les premiers immigrants, souvent des hommes seuls ayant laissé pour un temps leur famille, parfois même pour toujours. Ces associations (espagnoles, portugaises, croates, italiennes pour les premières) permettaient donc de se réunir, de partager des plats du pays, une langue commune mais aussi, dans une ville où il n’y avait rien, de développer des centres de santé (un des plus importants de la ville est géré par l’association espagnole) ou des lieux culturels. Tout cela se comprend sans effort. En revanche, en 2010, pourquoi ces associations sont-elles toujours aussi importantes et vivaces ?

 

 

         C’est là question que nous avons principalement fouillée au sein d’une association que nous avons choisie pour être une des plus anciennes, des plus actives et avec la dimension sociale, familiale et culturelle que nous cherchions : l’association portugaise.

 

        On trouve, pour simplifier les choses, trois catégories de personnes membres de l’association correspondant à trois générations distinctes. Des personnes agées nées sur le sol portugais et ayant migrées en Argentine entre les années 30 et 50 le plus souvent. Puis une tranche d’âges autour de 50-60 ans, composée de descendants directs de Portugais immigrants mais qui, plus étonnant, peuvent aussi être pour certains cas, des Argentins amoureux du Portugal pour ses danses, ses traditions ou autres. Ils développent donc un sentiment d’appartenance parfois profondément identitaire et certains, pour rire, les disent plus portugais que les portugais. Enfin, on trouve les jeunes (entre 5 ans et 29 ans), en général des petits enfants d’immigrants portugais, qui participent activement aux danses et autres manifestations de l’association, même si la danse est le vecteur principal par lequel les jeunes participent à l’association.

 

       Dans une certaine mesure, la composition répond à la question de la persistance des associations dans le temps en avançant le besoin identitaire. L’identité portugaise se transmet, et se faisant, justifie encore la présence de l’association pour répondre et développer ce partage argentino-portugais de l’identité.

 

       En revanche, et c’est finalement ce sur quoi nous avons réellement porté notre intérêt, l’identité portugaise n’existe pas seulement parce qu’elle est transmise (ce qui condamnerait à une mort certaines les associations après quelques générations), mais tient aussi du fait que l’association, en plus de permettre un échange, peut être créatrice d’identité. Ce qui tenait pour nous d’un renouvellemnt passif d’un sentiment identitaire, se révèle être aussi une diffusion active. Les évènements organisés par l’association prennent ici une importance cruciale puisqu’ils ouvrent leur porte non seulement aux Portugais mais à tous les Comodoriens (comme par exemple les sardinades ou les cours de photographies). Les sardinades sont l’exemple parfait puisqu’en plus de faire partager une spécialité portugaise, elles intègrent des Comodoriens et les invitent quelque part à apprécier ce « Portugal » que l’association promeut.

 

       Cette diffusion et cette participation à l’identité globale d’un Comodorien est une des dimensions de la pérénisation des associations étrangères dont la portugaise.

 

       Pour preuve, il ne faut pas oublier que le fête la plus importante à Comodoro n’est pas le 25 de mayo (date de l’indépendance du pays le 25 de mayo 1810) mais le jour de l’immigrant qui a lieu en septembre que la ville célèbre pemdant trois jours.  

 

       Sans doute par son histoire, la ville offre-t-elle aussi d’autres réponses à ce besoin identitaire qu'ont beaucoup de personnes, de renouer avec des racines lointaines. Dans une ville si jeune, sans population native ou originaire du lieu et tournée vers son or noir, il y a peut-être un manque d’attachement identitaire. Le seul point commun de ses habitants serait qu’ils partagent le fait d’être immigrants ou descendants d’immigrants soit grossièrement de venir d’ailleurs, chose paradoxale pour le moins. De croire cela, paraît pourtant une erreur. L’identité que les gens développent et ravivent dans ces associations n’est pas pour combler un manque ou une faute d’identité « comodorienne », mais il faut plutôt considérer que ce lien à des terres natives, ancestrales et lointaines fait parti de l’identité d’un Comodorien et même que c'est cela être Comodorien.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité