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Vivre leur Villes
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  • Deux ethnologues en herbe partent se faire les dents 6 mois en Afrique suivis de 6 mois en Amérique du Sud. L'objectif : faire un reportage sur les conditions d'habitat des nouveaux arrivants urbains.
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3 mars 2010

On the road again....

.

Arnaud parle en blanc et Julie en gris foncé

C'est vrai que ça fait longtemps que l'on ne vous a pas parlé de nous et de notre état d'esprit.
Depuis qu'on est au Bénin en fait. On a essayé...
...consciemment et inconsciemment...
...d'esquiver habilement le sujet. Certains d'entre vous nous l'on d'ailleurs fait remarquer, et c'est seulement maintenant que l'on peut honnêtement le faire et se livrer. Dans deux semaines seulement, ça sera l'anniversaire de nos 5 mois,
Loin du pays du fromage
Oh ! le fromage !
En ce moment on ne vous cache pas avoir une pêche d'enfer et réellement profiter du coin autant quevdes gens autour de nous. Mais on ne vous cachera pas non plus que, surtout lors des dernières semaines, cela n'a pas toujours été rose.
Petit retour sur notre vie à Porto-Novo. Comme on se l'était prédit avant de partir, ça a été dur de quitter le Burkina alors que l'on était ancré dans un quotidien et que l'on avait crée des liens forts avec nos amis de là-bas.
Mais voilà, on a dû partir...
Et on savait que tout était à refaire.
En plus, notre arrivée au Bénin, et plus particulièrement à Cotonou, a été, comment dire...?
Glauque !
Pour vous la faire en version courte, voilà comment ça s'est passé : Arrivés avec 2h30 de retard. Il était alors 23h30. Pas de réservation d'hotel, pas de contact, la fatigue. On descend du bus et on est happés par deux types en chemise jaune.
On a espéré que ce soit ça les fameux motos-taxis dont on nous avait parlé...
On se dit qu'on a pas trop le choix. Ils nous embarquent chacun sur leur moto, le sac de voyage sur le dos, le djembe sur le guidon. On file alors dans les rues sombres de la ville. Et là...
Mais où est Arnaud ?!? Je me retourne et je ne vois plus sa moto. Dans ma tête je me dis que je m'en doutais, qu'on va peut-être se faire dépouiller, chacun à un coin de la ville, et que l'on a été sacrément naïfs...
Et  oui, j'ai vu Julie filer en moto devant moi, et pour le coup, c'était la panne d'essence. Bref, je la retrouve, soulagé, à l'hotel. On peut enfin dormir tranquils.
Le lendemain matin, on boit le café au bord d'une sorte d'autoroute, transpirants de sueur à cause de la circulation. Cotonou n'est décidément pas très accueillante.
Dans l'après-midi, le réceptionnniste de l'hotel nous propose de nous ammener à Porto-Novo et de nous aider à trouver une location. On passe la journée à chercher.
A 22h on est enfin dans notre chambre-salon encimentée, totalement vide, avec son lot de bestioles locales.
Tout ça pour vous dire que le début a été...
...un enchaînement bizarre d'événements sur lesquels on avait pas vraiment de contrôle.

On se réveille dans le quartier de Louho, quartier particulier de la ville.
On apprendra plus tard qu'il est comme composé d'une grande famille puisque tout le monde aurait des liens de parenté. Tout cela donnne une impression de village.
C'est un quartier de pêcheur et de transporteurs d'essence frelatée, assez différent des autres notamment parce-qu'il y a beaucoup de maisons en banco.
Ensuite, les trois semaines qui ont suivies se sont passées assez rapidement. On s'est fait des potes, des connaissances, et on s'est fondu, au fur et à mesure, dans le quartier. Les repères sont arrivés doucement. Le terrain, à la zone bornée de Vakon, a commencé sur la bonne voie et avec succès. Trois semaines assez cool sans trop se poser de questions existencielles.
Puis les parents arrivent.
Une vraie bouffée d'air frais.
Une semaine de plaisir à les voir tous les jours. Semaine où l'on peut aussi se décharger et leur raconter ce que l'on a vécu.
Imaginez le bien que cela peut faire de parler à des blancs de chez nous, des proches qui peuvent avoir une idée de ce que l'on vit, de nos difficultés et de nos plaisirs.
Mais il a bien fallu qu'ils partent, et ça n'a pas été facile. Nous nous sommes alors retournés dans notre quotidien.

Les deux semaines qui ont suivies leur départ ont peut-être été une période parmi les plus difficiles de notre voyage. On a d'abord été ammenés à remettre en cause l'intérêt de notre terrain et la validité de nos méthodes pour aborder le sujet.
Et puis il y a aussi eu mon ventre, qui a encore fait des siennes. Mais heureusement, Doc' Cayla a encore réussi à combler les défisciences de mon appareil digestif (dont je veux me séparer pour en acquérir un neuf. Je tiens à lui en faire la commande dès maintenant).
Période de perte d'enthousiasme, la lourdeur quotidienne d'être blanc, le yovo, sans cesse étranger.
Tout ça cumulé a été psychologiquement difficile, ce qui s'est d'ailleurs ressenti au quotidien. Conséquence : on ne faisait pas grand chose de nos journées, journées pendant lesquelles on ruminait notre petit malaise.
Il y a tout de même eu un événement heureux qui a été l'arrivée de voisins adorables dans notre cour. Un jeune couple d'une bonne vingtaine d'années et leur fils de 5 ans. C'est alors qu'a commencé une relation de voisinage et d'amitié dont on rêvera à notre retour en France (comme dis jmi dans son commentaire, à la place du voisin qui tond sa pelouse pendant la sieste du dimanche). Leur arrivée nous a permi entre autre de ne pas, déjà, nous projetter dans notre prochain périple.                                                                       Et en plus, ils nous ont prêté une moto qui nous permet de vadrouiller à souhait, et qui nous fait découvrir les joies de la conduite sur pistes sableuses.

Après deux bonnes semaines de stagnation, on a pris conscience qu'il y avait un truc qui clochait et qu'on ne pouvait pas continuer à gâcher notre temps.
On en est venu à en discuter tous les deux et avons pris la décision qu'à partir de maintenant, on profiterai de tout ce qui s'offrirait à nous et nous passerait par la tête.
C'est alors qu'a déferlé sur nos journées un programme d'enfer ! On décide de se faire "plaiz" au resto (steack au poivre !!), au musée d'ethno, à la recherche d'ethnologues
Julie se fait tresser, observée par la moitié de notre quartier.
Arnaud se fait inviter à danser devant une foule de 100 personnes, dont certaines femmes lui mettent de l'argent sur le front en signe de respect. On se fait coudre des vêtements aux couleurs locales, on part vadrouiller à moto à la recherche d'une source d'eau chaude, cela au milieu d'une plaine gigantesque et verdoyante (pas de photos, désolé, ça restera dans nos esprits seuls).
En plus de tout ça, on commence à se faire une place dans le quartier, et après avoir passé plus d'un mois à entendre "yovo yovo" à chacun de nos passages, on nous appelle maintenant "Arno, Joulienne !" jusqu'au quartier voisin.


Où nous sommes étrangers.

Autant vous dire que ça nous a sacrément redonné le moral. Evidemment c'est aussi à ce moment que l'on est rappelés à la réalité de notre voyage : il va falloir partir.
Comme cela risque de se répéter chaque fois, c'est au moment où l'on commence à s'attacher à notre entourage et à la ville qu'il faut les quitter...
...et repartir vers un autre pays, une autre ville, où l'on ne connait personne et où personne ne nous connait. Un endroit où nous n'avons aucun repère et où tout est à refaire.
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Commentaires
J
finalement c'est quand vous avez décidé d'être vous-même que çà a commencé à "vivre" autour de vous. non?
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