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Vivre leur Villes
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  • Deux ethnologues en herbe partent se faire les dents 6 mois en Afrique suivis de 6 mois en Amérique du Sud. L'objectif : faire un reportage sur les conditions d'habitat des nouveaux arrivants urbains.
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22 juillet 2010

HIstoria de un gran puerto

             

          Comme tous les ports Valparaíso est pleine de légendes, de récits, de mythes et d’une histoire exprimant non tant sa mesure que sa démesure.

Un article précédent datait la naissance de Valparaíso en 1536, année où Juan de Saavedra lui donne son nom. Ce n’est, à cette époque, qu’un petit village où vivent quelques familles autochtones. Valparaíso existait donc avant qu’on lui donne son nom actuel. Et pour cause puisque la ville comme la région appartenaient au nord du territoire Mapuche (populations pré-colombiennes qui occupaient plus ou moins l’actuel Chili et la partie sud-ouest de la patagonie Argentine). Le véritable nom de Valparaíso est donc son équivalent mapuche, Alimapu.

Ceci dit, la colonisation faisant, une grande partie du Chili est, au 16ème siècle, sous la domination de la Vice Royauté du Pérou, découpage administratif du royaume d’Espagne qui a conquit la région.

          Valparaíso, n’intéresse que peu à ses débuts la royauté espagnole qui ne vit pas nécessaire la fondation d’une ville. Sous le régime colonial, la ville connaît donc un développement limité même si elle commence à se faire une place comme port de transit de Santiago, ce qui aura d’ailleurs pour effet d’attirer de nombreux pirates dont le myhtique Francis Drake qui, en 1578, repartira de la ville avec pas moins de 20 000 bouteilles de vin et le Calice de l’Eglise (ou comment allier buverie et spiritualité!).

          En revanche, la ville va profiter du changement de couronne à la tête du royaume d’Espagne au 18è s. ; les Bourbons succèdent à la couronne d’Autriche et insufflent une grande ouverture économique vers le nouveau monde. Valparaíso s’y dessine alors de plus en plus comme un port. Son activité centrée sur la pêche et l’agriculture s’ouvre à un commerce en effervescence sur le côte pacifique américaine mais au milieu du 18 è s., elle ne reçoit encore que 30 navires par an.

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        Le port au 19eme siecle

         

          En 1740, les navires de registres (navires fixant les ports et contoirs commerciaux dans le monde entier pour harmoniser la navigation) placent Valparaíso comme point de contact direct avec l’Espagne.

          Le port tient donc sa résonnance à travers le monde. En ayant en tête sa position, il est assez simple de comprendre son intérêt. Valparaíso se trouve sur la route du pacifique et offre une halte idéale et méritée aux navires après le pasage délicat du cap Horn et du détroit de Magellan. Il faudra néanmoins attendre l’indépendance du Chili en 1818 pour que la ville prenne une envergure réelle, puisqu’elle ne comptait jusqu’alors que 5000 habitants.

          Commence ici le début de son âge d’or. L’exploitation de la salpêtre (stratégique pour le Chili notamment), la multiplication des liens commerciaux entre le Vieux continent et les Amériques, et la fièvre de l’or californien, donnent à Valparaíso une importante capitale. Entre 1828 et 1837, le port reçoit plus de 7000 navires et devient ainsi un des grands ports du continent. Bon nombre d’Anglais, alors maîtres des mers et océans, vont importer leurs grandes maisons commerciales et s’installent à Valparaíso. Allemands et Français emboîteront le pas. Valparaíso devient un véritable “entrepot internacional” et surtout le plus grand port de toutes les Amériques.

On y parle toutes les langues, y trouvent tous les styles, des produits des quatre coins du monde et des foules de marins heureux de retrouver la terre après le passage du Cap Horn (évidemment des centaines de marins retrouvant les plaisirs terrestres après des semaines en mer pouvait avoir quelques aspects négatifs mais bon, …)

Les quartiers se développent, le port grandit et les cerros se remplissent. Y naît la première banque du Chili, le plus important ferrocarril de la région mais aussi le plus vieux journal de toute l’Amérique du sud : El Mercurio (1827).

Mais Valparaíso n’a jamais eu d’acte de fondation typique des conquêtes coloniales et aucun plan de la ville n’avait par ailleurs été prévu. La spontanéité et bien souvent l’urgence vont régner dans le processus d’urbanisation de la ville, les maisons grimpent sur les cerros même les plus abruptes, les escaliers serpentent jusqu’au fond des crevasses et des fosses qui les séparent, les rues y sont pentues et saugrenues et les constructions rarement en matériaux définitifs mais  faites de bouts de taule que l’on peint pour être plus agréables à l’oeil.

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Vue du cerro qui fait face a notre maison

En 1850 on compte 50000 habitants (dont 10 % d’européens) à ajouter aux marins qui atteignent parfois un tier de la population lorsque le port est plein. Valparaíso devient légendaire et l’on retrouve même des chants de marins la vantant jusque dans les bas quartiers de Liverpool.

Cuando lleguemos a Vallipo,

Tiempo pasaremos, tiempo perderemos,

Cuando lleguemos a Vallipo,

Danzaremos et beberemos pisco”

      

( quand nous arriverons à Vallipo, nous passerons du temps, nous perdrons du temps, quand nous arriverons à Vallipo, nous dancerons et buvrons du pisco (alcool de raisin local))

          Mais l’hégémonie de Valparaíso prend doucement fin dans les dernières années du 19è s. et brutalement dans les premières du 20 è. Fin 19è, car d’autres ports lui font maintenant une concurrence sévère comme San Francisco aux Etats-Unis qui devance déjà le port chilien. Le volume des marchandises diminue donc, surtout que le développement industriel du Chili prend force et limite par conséquent les importations (donc le nombre de navires faisant escale).

           Deux facteurs vont, quelques années après, précipiter sa chute. Le premier en 1906 lors d’un tremblement de terre dévastateur qui va fortement freiner l’activité du port autant que provoquer l’émigration des élites économiques et politiques de la ville vers sa voisine Viña del Mar.

Le second en 1914, avec la construction du canal de Panama qui rendra obsolète le passage par le cap Horn et par le pacifique sud, donc par Valparaíso.

Toute la côte américaine sud en sera pénalisée. Les deux éléments joints provoquent une lourde chute et une lente déchéance tout au long du 20 è siècle. Des 650 bateaux qui passent par la baie de Valparaíso en 1912, il n’y en aura que 200 en 1919. La réforme de l’état chilien arrivant dans la lancée, les décisions politiques et économiques fuient Valparaíso pour se centraliser à Santiago.

          En 1960, Valparaíso n’est plus que le 15ème port du pays. Sans sa force économique et politique, elle bouillonera pourtant au niveau culturel et malgré tout reste un haut lieu du cosmopolitisme. Pablo Neruda, Salvador Reyes ou Manuel Rojas contriburont à lui donner son côté poétique. Et sa lente décadence l’attirera doucement vers un mode de vie réputé bohémien. Aspect culturel consacré en 2003 lorsque une partie de Valparaíso dont le cerro où nous habitons, devient patrimoine mondiale de l’humanité.

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Le port il y a quatres jours

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Commentaires
J
belle histoire, avec des hauts et des bas. après ouaga, bobo, porto novo, comodoro, que pensez-vous du développement "spontané" des villes?<br /> qui sont les habitants de valparaiso? d'où viennent-ils? que sont deveneus les mapuche?<br /> bises
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